lundi 23 février 2015

Classcraft, quelques semaines plus tard

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C'est le temps de faire un suivi.

La routine du cours ressemble à ça :

1- Arrivé dans le cours, je prends les présences et je donne des points d'expérience aux présents (ça les motive royalement et, comme on est au cégep, pas question de les menacer d'appeler leurs parents). Les absents perdent 10 points de vie. Les retardataires perdent 5 points de vie. Les étudiants qui ont oublié du matériel perdent 5 points de vie. Au début, c'est un vrai massacre. Après deux cours, c'est beaucoup mieux :)

2-En même temps que je prends les présences, je vérifie les devoirs. Aucune pénalité pour les devoirs qui n'ont pas été complétés, mais je donne des points d'expérience aux étudiants qui ont fait le travail exigé. Encore une fois, c'est étonnant ce que ça peut motiver un geek de lui donner des « XP » contre un devoir complet ;)

3- Viens ensuite l'événement du jour. Le but de cet événement est de réchauffer la classe avant de commencer le cours. Ça dégourdit les étudiants, surtout à 8 h le matin. Cet événement est tiré aléatoirement d'une liste de 73 possibilités (dans mon cas, mais ça peut être plus, ou moins...). Jusqu'à maintenant, il y a eu des trucs du genre : un étudiant choisi au hasard doit reconnaître une pièce musicale datant de plus de 15 ans (150 points d'expérience), un étudiant choisi au hasard doit nommer les titres des trois volets du Seigneur de anneaux (150 points d'expérience), chaque équipe laisse mourir un des membres de son équipe (pas de points, juste des morts...), l'étudiant avec le plus de points d'expérience fait gagner 25 points d'expérience à son équipe, etc. Il y a aussi des événements négatifs (perte de points de vie, impossibilité d'utiliser des pouvoirs, etc.), mais je suis un gars positif, alors je passe tout de suite à autre chose.

4- C'est le temps de corriger les devoirs. Je pose une question par équipe. Chaque réponse, bonne ou mauvaise, se mérite des points d'expérience. Occasionnellement, quand une question est problématique pour la classe, j'offre des points à celui ou celle de la classe qui saura m'aider. Ça marche à tout coup.

Inutile de dire que le taux de devoirs complétés et le degré de participation en classe est très élevé. Je n'ai jamais vu ça. Le nombre d'abandons du cours (une gâterie que peuvent se permettre les étudiants du collégial, contrairement au secondaire, où Classcraft est généralement utilisé) est très bas.

Mais pourquoi? Comment ça que de faire perdre des points de vie et de donner des points d'expérience motivent tant que ça les étudiants?

Les bénéfices, mec, les bénéfices...

Les points d'expériences permettent aux étudiants de monter de niveau et, ce faisant, d'acquérir des pouvoirs. Bien qu'au début il y ait des pouvoirs du genre « avoir le droit de bouffer une poutine dans la classe », d'autres pouvoirs, comme « recevoir un indice durant l'examen » ou « savoir si une réponse est bonne durant un examen » et ultimement « avoir droit à une feuille de notes à l'examen » (fin de session, quand l'étudiant a vraiment beaucoup d'XP), rendent le jeu soudainement beaucoup plus attrayant aux yeux des étudiants les plus terre-à-terre.

Les points de vie, qui ne peuvent être regagnés que par la collaboration entre les membres de l'équipe, servent à mesurer l'énergie que met l'étudiant en classe. Quand il meurt, en plus de faire perdre des points de vie à toute son équipe (ce qui encourage la collaboration), il doit payer son dû à la faucheuse en acceptant une conséquence (allant d'apporter une collation pour la classe à copier une page de Multidictionnaire en passant par apprendre et expliquer une règle de grammaire et réciter un poème). Bref, les étudiants ne veulent pas mourir. Pour cela, ils s'entraident (à la remise des notes, les résultats en bas de la note de passage font perdre des points de vie), s'encouragent et se rappellent à l'ordre.

Cette semaine, ce sont les évaluations de mi-session. Alors que j'écris ces mots, durant mon premier cours du lundi matin, un étudiant a déjà utilisé son pouvoir lui permettant d'acquérir un indice pour son examen. Dans les yeux des autres étudiants, l'envie. Dans ceux des moins travaillants, le regret. Hi hi hi. Je sens que vais assister à un redoublement d'effort au retour de la relâche :)

4 commentaires:

  1. J'adore le concept!

    Et en même temps je trouve ça un peu triste qu'on doive en venir à utiliser ce genre de méthodes pour motiver les étudiants.

    Je veux dire : quand tu es un étudiant appliqué et travaillant, tu as déjà des supers pouvoirs. Genre "mâcher de la gomme en classe alors que le prof fait semblant de ne pas le voir" ou "lire un roman pendant le cours, parce que le prof sait que si tu te permets ça, c'est que tu as compris ce qu'il explique pour la troisième fois" et, surtout, "ne pas avoir besoin d'aide à l'examen, parce que tu les sais les réponses"!

    Et quand la classe s'entraide et aide les moins bons à performer, ça permet au prof d'aller plus loin dans la matière et donc c'est profitable pour tout le monde à long terme. Pas besoin de points de vie...

    Mais bon, avec un peu de chance, après une session de Classcraft, tes étudiants vont avoir compris la métaphore (hum... j'suis ptêt un peu trop positive là...)

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  2. C'est vrai que c'est dommage... un peu. Parce que, après tout, ça rend aussi mon enseignement plus amusant pour moi ;)

    Et c'est vrai que les étudiants ne sont pas conscients de leurs pouvoirs...

    D'un autre côté, c'est être candide de croire que l'on peut enseigner aux jeunes d'aujourd'hui comme on enseignait il y a 10, 20, 30 ou 40 ans (selon les méthodes...). Les jeunes ont évolué, les profs aussi. Je suis encore un des seuls profs à utiliser les présentations « prezi », parce que les diaporamas exigent déjà beaucoup des enseignants les plus anciens...

    Et oui, une fois lancé, plus besoin de les motiver avec des points. J'ai des étudiants qui, de leur propre aveu, n'auraient jamais travaillé ensemble. Depuis deux semaines, je les vois s'asseoir volontairement côte à côte en classe (même quand ils ne sont pas en équipe). Bref, ça marche.

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  3. Je comprends que pour toi, ça doit être pas mal le fun en effet! ;)

    Mais j'ai toujours du mal avec cette affirmation comme quoi "on ne peut plus enseigner aujourd'hui comme il y a 10, 20, 30 ans...". Parce que quand on lit des textes qui datent de l'Antiquité, on découvre que beaucoup de méthodes pédagogiques (cours magistraux, utiliser un support visuel - que ce soit powerpoint ou amener les étudiants "sur le terrain -, répéter pour faire apprendre par cœur, écrire en grands caractères pour que les enfants apprennent plus facilement à lire) datent de cette époque... et continuent d'être efficaces quand les étudiants arrêtent de vouloir que le prof soit aussi divertissant que leur cellulaire!

    Je pense que les outils évoluent (acétate vs powerpoint ou autres outils), mais apprendre, fondamentalement, ça demandera toujours le même genre d'effort.

    Cela dit, tu as trouvé une bonne méthode pour forcer les étudiants à fournir cet effort! ;) (puisque le châtiment corporel, méthode antique très efficace, a été aboli! lololol! ;)

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  4. T'as raison. Apprendre, c'est un effort. Et les étudiants qui entrent au cégep (particulièrement ceux qui commencent par le cours de Renforcement du français (non crédité et obligatoire)) connaissent rarement les bénéfices de l'effort.

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