lundi 16 janvier 2012

Des étudiants lavés du cerveau, suivi de faire le ménage dans sa vie (i.e. dans sa bibliothèque) - Chronique zen 1

Une des mauvaises habitudes que prennent les étudiants d'université, c'est d'accumuler des livres pour se faire une bibliothèque. Ils se retrouvent à trente ans avec un pan de mur complet de livres qu'ils n'ont pas lus. Si on fait le tour, on trouve des titres très respectables, dignes de tout étudiant universitaire qui a fait ses cours.

J'ai fait ça. J'étais de ceux qui achètent des livres parce que ce sont des classiques et qu'il faut les avoir lu (ou les posséder pour donner l'impression de les avoir lus...). Bah, au fil du temps, j'en ai lu quelques uns. Mais je réalise que tous ces objets ne faisaient que m'épuiser. Chaque fois que je voulais choisir un livre, j'étais amer tant le trop grand choix me faisait hésiter. Parce que, au fond de moi, j'étais persuadé que j'allais lire tous ces livres quand je les ai achetés.

Dans le courant de pensée zen, l'homme porte le poids de toutes ses possessions. Elles sont autant de chaînes qui l'attachent au primaire et l'empêchent d'atteindre un niveau plus élevé de "zenitude".

Alors je suis là, deux heures du matin dans ma salle de travail, à regarder mes bibliothèque. Je me remémore les mots d'une femme qui a enseigné le français au Japon pendant dix ans et qui a découvert, à travers ses cours de japonais, toute la tradition zen pratiquée par les bouddhistes comme les taoïstes. Elle écrit : si ta maison brûle, quels objets te procureras-tu de nouveau ?

Eh oui, c'est un travail difficile. Admettre que si tout ça brûlait, je n'achèterais peut-être aucun de ces livres, sinon une dizaine de romans que j'ai aimés plus que tout.

J'ai sabré la moitié de ma bibliothèque. Ça m'aura pris deux ans. Au début, c'est deux ou trois livres qu'on donne à contre-coeur à un ami ou qu'on vend à 1$ dans une librairie d'occasion. Puis c'est une dizaine, toujours avec une once de tristesse. Déjà, par contre, on sent la légèreté nous envahir et on reprend plaisir à lire. Ensuite, on vend un sac pour le dixième du prix, avec nostalgie. Et vient le jour où l'on remplit une boîte en vivant déjà le bonheur d'être détaché de ces livres qu'on n'aurait pas lu avant une quinzaine d'années. 

Et je suis là, ce soir, avec deux grosses boîtes pour la librairie. Une troisième encore plus grosse avec les livres que je dois conserver pour mon emploi (mais qui ne resteront pas chez moi, je les envoie au cégep). Ils me restent les livres que je rachèterais sûrement si je venais à les perdre... et tous mes romans de SF... Je n'ai pas encore réussi à me convaincre que je ne les lirai pas tous.

Je règle ça cette semaine. Avant la rentrée, je veux avoir accompli la même chose avec ma collection de films. Ceux qui l'ont déjà vu savent que je m'attaque à un gros morceau... et que je verserai peut-être quelques larmes.

Mais je vais le faire. Depuis que je m'y suis réellement attelé, j'apprécie davantage mes lectures, je les respecte plus, aussi. Je reprends plaisir à écrire, parce que j'ai la tête plus libre, peut-être. Mon esprit n'est plus occupé par tous ces romans qui gisaient dans mon espace de travail.

Votre devoir cette semaine (à part avoir réussir à lire tout ce billet) : Passer votre bibliothèque en revue. Demandez-vous quel livre vous n'achèterez pas si vos livres sont détruits. Je ne vous demande pas beaucoup. Seulement un ou deux. Avouez-le à vous-même, puis donnez-le à quelqu'un qui le lira, ou allez le vendre à la librairie d'occasion près de chez vous (sans en achetez un autre pour le remplacer ;)

En bonus, et un mois plus tard, j'ajoute un lien vers un segment de l'émission La vie en vert qui résume bien ce que j'essaie d'atteindre. http://video.telequebec.tv/video/10431/100-objets-ou-moins

21 commentaires:

  1. Le zen pour la bibliothèque, pas facile j'en convient. Personnellement, même trentenaire, j'aime encore la voir grandir. Par contre, j'essaie d'avoir un urbanisme planifié, dans le sens où je n'achète plus que les livres que je veux vraiment lire, et ce dans un futur rapproché. Et surtout dans mon genre de prédilection; je vous laisse deviner lequel...

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    1. Je crois que, une fois mon ménage complété, j'adopterai ce genre d'urbanisme ;)

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  2. Ça doit dépendre des gens. Moi je relis beaucoup et je consulte encore davantage.

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    1. Les premières fois où j'ai fait le tri, c'est ce que je me demandais. "Est-ce que je vais relire ce livre?" Chaque fois que je disais, honnêtement, "non", je mettais le livre de côté.

      J'ai gardé tous les ouvrages que je consulte régulièrement, comme toi.

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  3. En accumulant les livres, j'espère secrètement que ma progéniture s'y intéressera... un jour.

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    1. Moi aussi :) Mais je me dis que, à ce moment-là, elle les empruntera à la bibliothèque ou je les lui achèterai de nouveau. J'ai conservé ceux que je sais qu'aucune bibliothèque ne possède (ex. La Kallocaïne de Karine Boyle).

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  4. Mmm. Je suis un ramasseux. J'aime avoir plusieurs, plusieurs livres, et ça ne me complexe pas de ne pas les avoir tous lus. (C'est chiant lors d'un déménagement, mais sinon...) Je me débarrasse périodiquement de quelques titres, pour faire de la place, mais sans plus.

    J'aime particulièrement conserver deux types de livres. Ceux que j'ai adoré et ceux que j'ai détestés -- pas ceux que je n'ai pas aimé, ou que j'ai trouvé plates, non, ceux pour lesquels j'ai voué une haine profonde pendant ma lecture. Ceux qui me faisaient me demander si l'auteur avait volontairement cherché à faire souffrir ses lecteurs. C'est le genre de livre qu'on ne peut, qu'on ne doit jamais oublier.

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    1. Ha ha ! Peut-être qu'après un déménagement particulièrement long et douloureux, tu feras un grand ménage !

      Le truc, c'est de faire le tri avant de déménager ;)

      Les livres pour lesquels je voue une haine profonde, je les ai donné. Je ne veux pas de ces livres. Je m'en rappelle très bien. Je peux même en citer des passages tellement ils m'ont horrifié X|

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  5. Ah, vider la bibliothèque ou la vidéothèque... (la garde-robe aussi et tout le reste!) ;o) périodiquement, je le fais! Et oui, ça fait du bien!! =D

    Ma devise est "si je n'en ai pas eu besoin depuis les 2 à 5 dernières années, c'est que ce n'est pas si utile que ça!" (à l'exception bien-sûr de quelques attachement sentimental, dans les livres, film, jeux, et autres, qui d'ailleurs reviennent utile avec l'arrivé des enfants dans le couple!)

    Et j'ai très peu, voir aucun regret de ces choses que je me suis départie.

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    1. Wow! Je suis impressionnée.

      Ta "zénitude" se remarque d'ailleurs dans ton travail d'artiste. Faudra qu'on se jase ça un de ces jours!

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  6. Comme je suis une reliseuse et que je possède beaucoup de livres de référence, il n'y a pas tant de livres que ça que je ne rachèterais pas. Mais je ne les rachèterais pas immédiatement.

    Il y a quelques années, j'ai pris la décision de ne pas acheter d'autres bibliothèques, alors quand les miennes deviennent trop pleines, je fais de la place. Pour le moment, les livres que je ne relirai pas s'entassent au sous-sol... Je cherche une librairie d'occasion dans mon coin!

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    1. Moi aussi, j'ai commencé par de dire que je n'achèterais plus de bibliothèque... tout de suite après en avoir acheté une!

      Mais je n'ai pas attendu que la nouvelle soit pleine pour commencer mon tri.

      N'oublie pas que tu peux donner aussi :D

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    2. J'ai déjà donné pas mal. Mais là je suis prise avec des livres que je considère qu'ils ne feraient pas un cadeau acceptable même pour mes pires ennemis! :p

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    3. Oups, dans ce cas-là, envoie-les au pilon...

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    1. Autour d'une bière, nous réglerons des cas tous les trois !

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  8. Tous les livres que je possède je les ai achetés après mon université parce que je voulais les lire maintenant et ceux que je souhaite lire bientôt. Plus de 90% de ma bibliothèque est déjà lue. Si elle brûlait, j'en rachèterais un bon 75%. Le 25% qui reste sont des livres que j'ai gagné dans un concours de journal sur CôtéBlogue. C'est la même chose avec ma collection de DVD.

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    1. Moi aussi, je voulais les lire, ces livres achetés après l'université. Ce que je dis, c'est qu'on a été formé pour vouloir se monter une bibliothèque et que ça n'est pas forcément utile...

      Si je recevais l'argent des assurances couvrant mes livres et mes films (parce que j'ai une assurance juste pour ça...), je ne pense pas que je les achèterais à nouveau. J'en profiterais pour m'en acheter de nouveaux que je n'ai jamais lu :D

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  9. Aaaaaah, que ce billet tombe bien. :-) Je suis justement à me dire que je dois élaguer. Processus auquel je pense, mais que je remets toujours. Tous ces livres achetés à l'université (et depuis!) qui pèsent une tonne lors des déménagements et remplissent trop d'étagères. Je vais tenter de zénifier un peu tout ça d'ici l'été.

    Caro Lacroix

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    1. Je te jure, Caro, ça vaut vraiment la peine. On se sent libéré quand on réussit à passer cette étape.

      Les déménagements sont plus agréables, aussi ;)

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