lundi 23 juin 2014

Le rythme et le plan, ou courir dans l'orage avec un bâton

Je pensais pas que c'était possible.

Je viens de toucher les 45 000 mots sur le manuscrit que je dois remettre en août/septembre. C'est le plus long texte que j'ai écrit de ma vie. La fierté que ça procure est assez intense. C'est l'équivalent de réaliser, pendant que tu fais pour une troisième fois l'amour, que tu vas être capable de le faire une quatrième fois. T'en fais pas, ça m'est jamais arrivé, c'est une image.

Qu'est-ce qui a changé? Pourtant, j'ai ma blonde, deux enfants et une maison à gérer. Bon, j'avoue, je me sacre trop de ma maison et les enfants chassent le tigre du Bengale sur la pelouse d'en avant.
Sérieusement, je gère mon temps différemment. J'arrive pas à voir comment, parce que j'ai jamais eu autant pas de temps. Et pourtant, je trouve même du temps pour aller camper en Westfalia dans tout ça.

Une des choses qui m'a aidé le plus, c'est le plan

Ouais, je sais, je t'entends dire, genre : quoi? t'as jamais fait de plan? c't'une joke?
Ben non, désolé, mais continue de lire si tu veux voir comment je suis comme dans la toune d'Amazing Grace (j'étais aveugle, maintenant je vois).

En gros, je me suis fait un plan. J'ai écrit, chapitre par chapitre, les grandes lignes de mon livre. Jusque-là, je suis un criss de génie, non?

Pour 60 000 mots de roman, mon plan m'a donné 5 000 mots et 44 chapitres. En écrivant, j'avais pris la mauvaise habitude et me dire : « fais au moins 1 375 mots par chapitre ». Rendu à 35 000 mots, j'ai constaté que ça brise le rythme d'imposer un nombre de mots à mes chapitres. J'étais comme un obsessif-compulsif qui comptent ses tuiles de salle de bain et qui est foudroyé par l'impossibilité de rentrer 8 tuiles sur 7 pieds et demi de long.

Je suis retourné au début et j'ai découpé à nouveau le texte et je me suis retrouvé avec 60 chapitres. Plus courts, plus tchak-tchak-tchak, plus à mon goût.

Je n'avais jamais fait un plan aussi clair avant, maintenant je sais à quel point c'est utile et nécessaire. Je suis comme l'homme de cromagnon qui regardait ses amis allumer des feux avec des roches. Moi, tout ce temps-là, je courais dans l'orage avec mon bâton à bout de bras.

Avant, homme en couple pas d'enfant, je retenais tout ça dans ma tête et sur des bouts de papier, mais je ne dépassait jamais 20 000 mots. Et encore, en révisant « La Plateforme » avec Joël Champetier pour Solaris 187, on est passé de 17 000 à 14 000 mots.

J'ai toujours écrit d'un souffle, ce qui est impossible avec un roman... ou avec des enfants. Maintenant, je peux embarquer dans mon texte à n'importe quel moment de la journée, que ce soit pour dix minutes ou deux heures, et reprendre mon écriture où je l'avais laissé deux, trois, quatre jours plus tôt sans même avoir besoin de me relire parce que je sais exactement où j'en suis rendu et où je m'en vais.

Je peux me faire cuire un steak à tout moment de la journée, parce que mon feu est perpétuellement allumé désormais.

Et j'ai toujours de quoi sécher mon linge, des fois qu'il me prend l'envie d'aller courir dans l'orage avec un bâton à bout de bras...

11 commentaires:

  1. Héhéhé! ;) Je suis une adepte des plans de toute sorte, surtout de ceux "chapitre par chapitre" pour les romans. Alors je comprends tout à fait l'aspect libérateur que ça a.

    Faut dire que je cours pas vite et que j'ai pas la patience d'attendre les orages, alors fallait que j'apprenne à faire du feu autrement! ;)

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  2. Utiliser un plan, c'est comme avoir un Mac, tu comprends pas pourquoi tu as pris autant de temps avant de t'en servir. Maintenant, le retour en arrière est impossible :D
    *Ouaip, je connais la position de ton chum là-dessus ;)

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  3. Ah, tiens, moi je dirais le contraire! lol! ;)

    Travailler sans plan, c'est comme utiliser un Mac : quand ça va bien, ça va bien, c'est rapide, c'est facile, pas besoin de se casser la tête... Mais quand ça se met à pas marcher, pas moyen de savoir pourquoi. Faut attendre un coup de génie venu de l'extérieur.

    Travailler avec un plan, c'est comme utiliser un PC : c'est plus de travail pour comprendre les entrailles de la machine, mais une fois qu'on sait y faire, on peut régler ben des bobos! ;)

    (Y'a pas juste mon chum qui tient à son PC, depuis le temps j'ai appris moi aussi à aimer bidouiller dans les entrailles et les menus cachés! ;)

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  4. Ah Gen, merci ;)
    et je n'ai pas toujours de plan, je n'ai que des endroit où aller. Pour moi, ça fonctionne bien ;)
    et vive les pc ;)

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  5. oh j'ai oublié de dire: j'aime beaucoup l'image ;)

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  6. Pour ma part, j'ai bien aimé plusieurs des images utilisées dans ton billet, Carl! ;) (surtout celle du gars qui court avec son bâton - hé, moi aussi c'était ma méthode pour faire du feu avant!) LOL

    Maintenant que je m'attelle moi aussi à de plus gros projets, je dois dire que sans le fameux plan, je n'arriverais à rien.

    Et en fait, Carl, tu n'as pas plus de temps qu'avant, mais en effet, tu as appris à mieux le gérer, tout comme moi. Quand on a des enfants, on apprend à profiter de chaque moment libre, on perd moins notre temps en niaiseries pas importantes (genre : le ménage, hihi!) et on s'organise pour moins rêvasser quand c'est le temps de se mettre à la tâche. Parce que justement, on a moins de temps qu'avant, alors il faut se discipliner! (ça s'apprend)

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  7. Ouaip, je pense aussi que c'est ça. Le même temps, géré différemment. C'est juste étonnant à quel point on peut généré de matériel quand on utilise bien notre temps.

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  8. T'as même le temps de venir danser dans des mariages!

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